LES DIFFERENTS PROCEDES DE GRAVURE

GRAVURES-ESTAMPES
Petit Glossaire pour l’amateur

Le mot Estampe vient de l’italien Stampa, qui signifie imprimé de tout genre. Ce mot a servi, au XVII éme siècle en particulier, pour désigner  l’image obtenue par l’empreinte d’une planche gravée (spécialement en taille-douce), imprégnée d’une encre spéciale et passée dans la presse.
Le mot Gravure vient de graver , qui lui-même est dérivé du mot allemand Graben.
Ce mot s’applique aujourd’hui à tous les procédés artistiques ou mécaniques.

Qu’est-ce qu’une gravure ?
C’est une impression produite, généralement sur papier, à l’aide d’un objet gravé, en relief ou en creux, par un artiste.

Quels sont les principaux procédés ?




1 – PROCEDES EN RELIEF



            -            Gravure sur bois : On maintient à la surface de la planche de bois, le dessin qui doit être imprimé, on creuse légèrement le reste. On utilise généralement le buis, le poirier, cet…


bois gravé de Louis JOU pour illustrer "Le Jaloux Carrizalès d'Estramadure"
de CERVANTÈS SAAVEDRA




            -            Gravure sur métal : Vers la fin du XV ème siécle et au commencement du XVIème, des ciseleurs orfèvres, pour obtenir de nombreux tirages, ont ciselé des planches de cuivre en relief.



Cuivre en couleurs de Paul JOUVE pour illustrer
"La Comédie des Animaux" d'André DEMAISON




            -            Lithographie : Dessin déposé, à l’aide d’un crayon gras ou d’une encre grasse, sur la surface d’une pierre calcaire. Le dessin terminé par l’artiste est remis à l’imprimeur qui le fixe sur la pierre à l’aide d’une solution de gomme arabique très légèrement acidulée.



Lithographie en couleurs de Léonor FINI pour illustrer
"la Fanfarlo" de Charles BAUDELAIRE




2 – PROCEDES EN CREUX

Ces procédés s’utilisent dans la gravure sur métaux. Le plus généralement employé est le cuivre.



            -            Burin : Le burin est un tout petit ciseau à froid, qui rabote le métal et « taille » des copeaux sur le cuivre.

Burin de LABOUREUR pour illustrer
"Hélène et Touglas" de Jean GIAUDOUX



            -            Eau-forte : Le métal est recouvert d’un vernis. L’artiste dessine sur ce vernis avec une pointe ronde qui met à nu le cuivre. Ce dernier est ensuite soumis à la morsure d’un acide qui creuse les traits du dessin.


Eau-forte de DUNOYER de SEGONZAC pour illustrer
"Les Vits Imaginaires" de Claude-Roger MARX



            -            Pointe sèche : Sans aucun intermédiaire et sans aucune préparation, l’artiste trace des sillons sur le cuivre nu, à l’aide d’une pointe triangulaire. C’est le plus simple des procédés en creux.


Pointe sèche d'Edgar CHAHINE pour illustrer
"Les Lettres" de NINON de LENCLOS à SAINT EVREMOND



            -            Manière noire : A l’aide d’un « berceau », instrument dont les petites pointes très rapprochées creusent des lignes de petits trous, on exécute sur le cuivre un grain uniforme. Sur ce grain on rétablit les lumières avec le grattoir et le brunissoir.


Gravure sur cuivre à la manière noire d'André COLLOT
pour illustrer "Les Voyages de Marco Polo" d'Albert MIROT



            -            Manière de crayon : On promène sur le métal une roulette garnie de saillies pointues disposées généralement d’une manière irrégulière, on trace des traits plus ou moins larges qui ressemblent à ceux que produit le crayon sur un papier à grains. On arrive ainsi à imiter un dessin au crayon.

            -            Vernis mou : On recouvre le cuivre d’un vernis mou sur lequel on dépose une feuille de papier à grain. On dessine au crayon comme d’habitude. Le dessin terminé, on enlève avec soin la feuille de papier qui, partout ou le crayon a passé, entraine le vernis, on fait ensuite creuser à l’eau-forte les parties ainsi découvertes.



            -            Aquatinte : Sur le cuivre à graver , on dépose de la poussière de résine, on soumet la planche ainsi préparée à la morsure d’acide, qu’on laisse très légère dans les parties claires, et qu’on renforce dans les parties ombrées.


Aquatinte de Johnny FRIEDLANDER pour illustrer
"Stèles" de Victor SEGALEN



Principaux procédés d’impression.

            -            Gravure en relief : La gravure en relief s’encre à l’aide d’un rouleau qui dépose partout la même épaisseur d’encre. Elle s’imprime à la presse typographique, comme les livres.

            -            Lithographie : La pierre est également encrée au rouleau, une presse spéciale fait adhérer l’encre à le feuille de papier.

            -            Gravure en creux : L’encre est déposée sur le métal à l’aide de tampons qui l’obligent à pénétrer  dans le fond des tailles. On essuie toute l’encre qui n’est pas dans ces tailles. Par la forte pression de deux cylindres de métal qui s’entrainent, la feuille de papier, mouillée à l’avance, ramasse toute l’encre qui reste sur la planche de métal. C’est l ‘épaisseur de l’encre qui produit la puissance des noirs.



3 – LA GRAVURE EN COULEURS

            -            Impression au repérage : Une épreuve de gravure en couleurs passe quatre fois sous la presse pour recevoir successivement l’impression de quatre cuivres gravés qui contiennent respectivement, les couleurs jaune, rouge, bleu et noir. Les autres tons s’obtiennent par la superposition de ces couleurs fondamentales. L’impression s’exécute au repérage : c’est la véritable gravure en couleurs.


Gravure d'Edouard CHIMOT, gravée en couleurs au repérage
pour illustrer "l'Envers du Music Hall" de COLETTE

            -            Impression à la poupée : On imprime aussi à l’aide d’un seul cuivre gravé. Dans ce cas c’est l’imprimeur qui établit les tons en déposant lui-même les couleurs à l’aide de tout petits tampons qu’on appelle des poupées.

Gravure de ROJAN, gravée en couleurs à la poupée
pour illustrer "Moi Poupée" de Renée DUNAN

            -            Impression en Camaïeu : On imprime aussi en camaïeu, généralement ton sur ton, par superposition de deux planches, soit de même procédé par exemple bois sur bois, soit de procédés différents, par exemple cuivre sur bois.

Gravure en camaïeu de Paul-Emile COLIN pour illustrer
"La Pierre d'Horeb" de Georges DUHAMEL




            -            Gravures coloriées ; Les estampes exécutées par n’importe quel procédé peuvent être coloriées à la main par l’apposition de couleurs à l’eau ou à la gouache.